Samuel Thibodeau : L’éloge de la lenteur
Peu de personnes font le choix conscient de ralentir dans un quotidien qui va à toute vitesse. Bien qu’il ne le dise pas ainsi, Samuel Thibodeau, motion designer au bureau de Montréal, a choisi cette voie. Il est animé par les choses qui nécessitent du temps, de la patience, voire de la contemplation. Avec lui, on sent que la beauté se retrouve dans les détails, qu’il s’agisse de ses créations tricotées, de son goût pour les ferments maison ou du soin accordé à l’art de recevoir.
Véritable enthousiaste lorsqu’il est question d’approfondir un passe-temps, Samuel a de la difficulté à s’arrêter lorsqu’il plonge dans un nouvel apprentissage. La preuve ? Le tricot est arrivé tout récemment dans sa vie. Après quelques tentatives infructueuses – et non sans frustration – il a réussi à apprivoiser cet art auquel il accorde de deux à trois heures… par jour ! Rapidement, pièces vestimentaires et accessoires tels que faux cols, foulards de tête, chandails, balaclavas et bien d’autres s’ajoutent à sa production. Sa plus récente création, un débardeur, est le fruit de plus de 70 heures de travail !
Tricoter devient ainsi un moyen pour lui de décrocher immédiatement, une façon de stimuler son attention différemment. On s’étonne de le voir confier que c’est plutôt le processus que le résultat qui le fascine dans ce passe-temps. Bien installé dans son salon, il profite de ces moments où ses mains sont à l’œuvre pour regarder des classiques du septième art qui ne font pas encore partie de son répertoire.
Chez lui, tout est réfléchi de manière à recevoir les gens desquels il aime s’entourer. Quelques fois par année, il se plaît à faire de grandes tablées et à accueillir ses convives dans les règles de l’art. Pour Samuel, une expérience réussie est synonyme de planification. Toutes ses réceptions sont listées dans l’application Notion avec des notes pour chacune des étapes de préparation ! Rien n’est laissé au hasard.
Tel un restaurant, un menu est développé, puis imprimé. Au verso, on peut y lire « Le deuxième étage », un nom qui colle à l’endroit où il habite et au sérieux qu’il apporte à ses occasions de recevoir. Les plats qu’il prépare s’inspirent souvent de la cuisine sud-coréenne, cette dernière regroupant les saveurs et les ingrédients qui lui plaisent le plus.
Et puisque les projets qui prennent du temps collent avec lui, ce n’est pas surprenant de constater qu’il affectionne les ferments, une passion née durant la pandémie. Moutarde et kimchi sont faits maison avec lenteur et soin. À cela se greffe aussi la confection d’un cidre brut pour lequel une identité nominale et visuelle a été développée avec son copain : Impocidre. Chaque cuvée reçoit ainsi son étiquette sur mesure. Tout est dans les détails.
Une chose est certaine avec Samuel, il n’hésite pas devant l’inconnu. « Quand je veux apprendre quelque chose, je suis all in. » Ses intérêts multiples et assumés l’ont mené à s’adonner au ballet à la fin de l’adolescence tout autant qu’à sauter à pieds joints dans Donjons et Dragons, un jeu de rôle sur table qui mise sur la narration d’aventures basées sur l’imaginaire.
Samuel dit être agressivement lui-même. Sa vision de la vie peut être déstabilisante, mais peut-on vraiment être contre le fait de ralentir pour (se) faire plaisir ?
LG2 tient à remercier Les Laines Biscottes et Mon Ami BBQ coréen de leur chaleureux accueil dans le cadre de la série PEEK.
Samuel Thibodeau, Motion Designer, Branding and design