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Le symbole nutritionnel : le comprendre et l’intégrer à vos emballages

Cet article a été publié dans L'actualité ALIMENTAIRE le 24 septembre 2024.

Dès le 1er janvier 2026, Santé Canada exigera qu’un symbole nutritionnel sous forme de loupe soit bien en vue sur le devant des emballages d’aliments à teneur élevée en gras saturés, en sucres ou en sodium.

Des seuils à respecter

Pour bien comprendre en quoi consiste cette nouvelle exigence gouvernementale et comment s’y conformer tout en respectant l’image de votre marque, L’actualité ALIMENTAIRE s’est entretenue avec deux expertes pour y voir plus clair.

Avant tout, Santé Canada a mis en place cette initiative pour sensibiliser le public aux risques pour la santé associés à une consommation excessive de certains nutriments, souligne Julie Langlois, directrice, Étiquetage et Réglementation chez Groupe Export, la plus importante association d’exportateurs de produits agroalimentaires au Canada. Cette nouvelle réglementation mérite toute l’attention des transformateurs alimentaires et implique en amont un travail d’évaluation de la valeur nutritionnelle des produits, une étape qui ne peut pas être accomplie à la dernière minute.

La validation des seuils établis par Santé Canada s’effectue en fonction de la quantité la plus importante entre la portion affichée dans le tableau de la valeur nutritive ou de la quantité de référence d’un produit. À moins d’une exemption permise par le ministère, les seuils établis se divisent en trois catégories de produits et selon le pourcentage de la valeur quotidienne des nutriments visés :

  • aliments préemballés (⩾ 15 %) ;

  • aliments préemballés dont la quantité de référence est ⩾ 30 g ou 30 ml (⩾ 10 %) ;

  • les plats principaux préemballés dont la quantité de référence est de 200 g ou plus (⩾ 30 %).

Dès que le seuil de la valeur quotidienne recommandée de l’un ou de plusieurs des trois nutriments visés est atteint ou dépassé, la loupe nutritionnelle doit être intégrée à l’emballage. La préparation à cette éventualité est la clé.

LG2 POV Normes Emballage Elise Cropsal

« L’emballage, c’est du design dans sa plus simple expression. Il a un rôle 100 % utilitaire : informer, convaincre, fidéliser. »

Élise Cropsal

Directrice de création, Branding et design chez LG2

La cohabitation avec une identité visuelle

Dans le cas où la loupe s’impose sur un emballage, la réflexion s’élève au-delà du simple ajout d’un symbole dans un univers graphique déjà existant, déclare Élise Cropsal, directrice de création en branding et design chez LG2, la plus grande agence de création indépendante au Canada. Le devant d’un produit est un espace communicationnel essentiel pour l’identité d’une marque. On veut donc éviter d’être dans la surcharge visuelle et passer les bons messages : ceux exigés par Santé Canada et ceux qui relèvent de l’identité visuelle.  

Le symbole nutritionnel est encadré par des règles de positionnement sur l’emballage, car l’objectif est qu’il soit vu et compris rapidement par le consommateur ou la consommatrice. Sa présence dans la moitié supérieure de l’étiquette, ou dans la moitié droite si la surface est plus large que haute, peut ainsi entrer en conflit avec d’autres éléments importants de l’emballage, notamment le logo. La réflexion doit donc être de l’ordre du design, mais aussi de la stratégie, dans certains cas. Doit-on retirer des informations qui occupent trop de place ? Est-ce que le produit demeure attrayant ? Doit-on réfléchir aux messages qu’on souhaite transmettre maintenant que la loupe en transmet un en elle-même ?

« Le symbole nutritionnel peut aussi être vu comme une occasion de revoir les recettes des produits. La collaboration avec l’équipe de recherche et développement peut faire partie de la solution. »

Groupe Export

Une réflexion design et stratégique

La sélection du format et de l’orientation de la loupe demeure le cœur de la réflexion, car ce choix se base sur la principale surface exposée (PSE), et ce indépendamment de la surface imprimable du produit, en l’occurrence l’espace principal (EP), mieux connu sous le nom d’étiquette. Puisque le calcul se rapporte à la PSE, il pourrait être tentant de grossir l’étiquette pour laisser davantage de place à l’identité visuelle, indique Élise Cropsal. Cette avenue vient par contre jouer avec l’écoresponsabilité, un engagement qui influence à la fois les décisions d’achat des consommateurs et consommatrices et la crédibilité d’une marque.

C’est ici que le design doit être poussé pour aller au-delà du simple ajout du symbole sur l’emballage. Le positionnement de la loupe compétitionne avec la présence d’information privilégiée, notamment la présence de la marque ou des saveurs.

Il est donc important d’avoir une réflexion globale sur la surface complète de l’emballage pour remanier de façon pertinente les éléments. Il faudra aussi parfois réfléchir à la hiérarchie d’information en tenant compte de la gamme complète d’emballages, car un produit faible en sucre pourrait ne pas avoir de symbole contrairement au même produit dans sa version régulière, soulève Élise Cropsal. Pour autant, le design devra rester similaire.

LG2 POV Normes Emballage 01

L’arrivée de cette réglementation joue un rôle essentiel dans la promotion de la santé publique et dans la transparence de l’industrie alimentaire. Elle chamboule certes notre façon de voir les emballages et de présenter l’information relative aux produits. Toutefois, « la loupe nutritionnelle offre aussi une occasion de créer », soulèvent les intervenantes. Est-ce le moment de penser autrement les recettes et de s’asseoir avec l’équipe de recherche et développement ? Est-ce le temps de penser à une refonte d’identité visuelle et d’intégrer ce symbole dès le début de la création ? Ce changement peut certainement amener les marques à s’élever du lot pour le mieux.