« J’aimerais vraiment diminuer l’impact de mes emballages sur l’environnement, mais sans dénaturer mon produit. »
Si cette intention vous est familière, soyez certains qu’on vous comprend, en tant qu’agence experte en design. Ce n’est pas toujours simple de trouver l’équilibre entre le beau et l’écoresponsable, mais les consommateurs, eux, s’y attendent. Et le temps file.
De plus en plus de marques entament de vastes et inspirants chantiers de réflexion pour réduire leur impact environnemental. Et plusieurs d’entre elles optent pour l’écoconception d’emballages.
Nombreuses sont les entreprises qui ont pris conscience de l’impact des emballages sur l’environnement, car cet aspect est maintenant devenu aussi important que l’emballage lui-même dans la reconnaissance et la notoriété d’une marque chez le consommateur. Le suremballage, le recyclage, la compostabilité et la gestion de fin de vie des contenants sont des notions qui alimentent les discussions sur la nécessité de léguer un monde moins pollué aux générations futures.
Et c’est un besoin qui est devenu urgent. En 2025, le principe de responsabilité élargie des producteurs (REP) entrera en vigueur. Les producteurs seront désormais au cœur du système de la collecte sélective en étant responsables d’élaborer, mettre en œuvre et financer le système de collecte, en étant propriétaires de la matière collectée, et en étant responsables et imputables de la performance du système. Nous ne pouvons que saluer le Québec de suivre le pas de plusieurs pays qui ont établi un principe similaire. Ce nouveau principe sera mis en œuvre sous l’égide de Éco Entreprises Québec.
Les impacts de ces changements seront majeurs, mais nécessaires. Ils nécessiteront pour certaines entreprises de raffiner leur stratégie d’approvisionnement, leur chaîne opérationnelle, la distribution, la mise en marché, la gestion des matières résiduelles ainsi que l’emballage lui-même. Le tout dans un contexte économique délicat. Et ce, sans oublier que pour réussir une transition de cette envergure, une planification doit être réfléchie pendant des mois voire des années, longtemps avant que le consommateur ou la consommatrice puisse finalement avoir le produit entre les mains.
En attendant que ces changements s’opèrent chez les entreprises, que peut-on faire en tant que spécialistes en emballage qui ont le progrès et le développement durable tatoués sur le cœur?
La réponse : en parler et saisir toutes les opportunités, aussi petites puissent-elles sembler, pour enclencher le battement d’aile du papillon et le transformer en véritable vent de changement.
Il y a quelques mois, Stefano Faita, partenaire de longue date de LG2, nous a passé un coup de fil. Alors que les ventes de ses sauces tomate avaient atteint une part de marché très enviable, des clients commençaient à lui envoyer des messages, déplorant le fait que les pots étaient difficilement réutilisables, car leur étiquette ne se décollait pas facilement. La colle, trop forte, rendait l’étiquette presque impossible à enlever et complexifiait la gestion de fin de vie du contenant pour les particuliers ainsi que pour les centres de tri.
Lorsque Stefano nous a fait part de cet enjeu, notre réaction fut rapide : changeons la colle et le papier pour qu’il se retire aisément, et optimisons le design en conséquence. De cette façon, en ne représentant plus une possible source de contamination et de perte de matériaux, les étiquettes risqueraient moins de compliquer le recyclage. La suite est un processus de plusieurs mois. Il a impliqué une étroite collaboration entre les équipes participantes pour arriver à la solution optimale : remplacer les étiquettes par un papier non laminé qui nécessite quatre fois moins de colle, et revoir le design pour qu’il soit ajusté à la chaîne de production. En tout, quatre équipes ont fait partie de l’équation : celle de Stefano, de LG2, de l’imprimeur et du producteur de sauces, qui est aussi responsable d’ajuster sa chaîne de production pour répondre aux nouvelles exigences techniques. Le changement, ça implique beaucoup de monde. Et pour y arriver, il est primordial de travailler ensemble.
Cet exemple peut sembler comme un petit pas parmi les milliers qu’il reste à faire pour l’écoconception, mais il a tout le potentiel d’amorcer de vraies transitions. Au cours des deux dernières années, nos valeurs progressistes et notre volonté d’exercer un impact durable nous ont amenés à former nos équipes et à raffiner nos connaissances en écoconception. Cette démarche nous a permis d’ajouter une nouvelle dimension à notre signature créative, la rendant maintenant plus durable, distincte et pertinente au marché. Nous avons rencontré de nombreux partenaires offrant des solutions innovantes en ce qui concerne les matériaux et les processus de production et d’impression d’emballages. Nous multiplions les discussions avec des acteurs majeurs sur le sujet, dont certains sont aussi nos clients. Nous avons pris le pari que nos expertises en innovation et en emballage alimenteront nos réflexions citoyennes.
À la lumière des grands constats actuels, d’ici 2025, chaque entreprise productrice d’emballages aura à prendre un virage courageux et visionnaire à trois égards :
Se (re)positionner stratégiquement pour réduire son empreinte écologique et remettre en question son image de marque pour être en symbiose avec les bonnes pratiques.
Prévoir le bouleversement des chaînes de décisions et des processus établis.
Entamer des discussions dès aujourd’hui pour se donner le temps et l’énergie de devenir le moteur du changement de demain.
Et si les discussions sur le sujet vous semblent inconfortables, c’est que le changement est en train de s’opérer. Et c’est dans ce contexte que nous aimerions vous accompagner. Nous sommes des idéalistes animés par un désir opiniâtre de faire une différence, et nous croyons fermement qu’il est de notre devoir d’être générateur de changements et d’impacts positifs.